Transmission activité en CAE

Bonjour à toutes et tous,

Une de nos entrepreneuses ESA rencontre des problèmes de santé et est dans l'obligation de mettre fin à son activité, celle-ci étant incompatible avec son handicap.

Elle développe une activité de production/revente de crayons de couleurs, avec des ateliers etc...

Elle nous questionne sur la possibilité de transmettre son activité et éventuellement d'en tirer bénéfice. Nous comprenons tout à fait son questionnement mais n'avons pas de réponse. Transmettre un fond de commerce/une activité en CAE...Avez-vous envisagé et/ou rencontré cette situation?

Merci pour vos témoignages

 

 

Bonjour Sandrine et toutes et tous,

Une fiche Cession d'une activité en CAE (fonds de commerce) très fouillée est disponible dans la Base des pratiques et des savoirs.

Voici une prise de recul proposée par notre service juridique sur cette question délicate que nous avons récemment à nouveau abordée dans les travaux de notre GT juridique.

La cession de son fonds de commerce par l’ESA est une question complexe pour une seule raison : sa propriété est morcelée.

Pour bien comprendre : Le fonds de commerce est une fiction juridique qui consiste à regrouper dans un seul et même bien l’ensemble des biens corporels et incorporels qui son rattachés et/ou nécessaires à l’activité.

Pour qu’il y ait fonds de commerce, le seul élément fondamental et nécessaire à toutes les activités c’est la clientèle. C’est pour cela que la loi prévoit que l’ESA est propriétaire de la clientèle, le but affirmé du législateur par cette règle est que l’ESA soit propriétaire de son fonds de commerce.

La situation se complique sur les autres éléments du fonds de commerce : Le bail commercial tout d’abord, les éléments corporels ensuite, notamment certaines immobilisations.

Pour organiser la cession de son fonds de commerce par l’ESA, il va donc y avoir une étape préalable de reconstitution du fonds de commerce pour que l’ESA, déjà propriétaire de la clientèle (au moins), devienne aussi propriétaire des éléments qui appartiennent juridiquement à la CAE et qu’il veut ou doit céder avec le fonds de commerce (bail commercial, machines spécifiques, stock, etc..).

Une multitude d’hypothèses sont possibles en fonction : de la nature de l’activité (certaines ne nécessitent ni bail, ni biens corporels particuliers et donc l’ESA pourra céder simplement la clientèle dont il est déjà propriétaire, d’autres vont nécessiter un bail commercial etc…) et de la pratique de la CAE (qui a signé le bail, comment sont gérées les immobilisations etc…)

Cette « reconstitution » peut avoir lieu :

  • En externe si le fonds est cédé à un tiers. L’ESA sort de la CAE puis la CAE lui cède les éléments du fonds de commerce dont elle a la propriété. Une fois propriétaire à titre personnel de l’ensemble des éléments, il peut céder son fonds de commerce à la tierce personne et en percevoir le prix.
  • En interne, la CAE fera alors un jeu d’écritures comptables pour organiser les échanges de bien dont elle est propriétaire et la clientèle dont l’ESA est lui-même propriétaire. Il percevra le prix de cession dans son compte analytique, qui lui sera ensuite reversé en salaire ou en résultat lors de sa sortie, après la cession du fonds de commerce.

C'est pour cela qu'il nous semble réaliste de privilégier les solutions 3 et 4 de la fiche précitée :

  • l'ESA sort de la CAE et cède ensuite à un autre entrepreneur hors de la CAE (solution 3)
  • l'ESA cède à un autre ESA au sein de la CAE (solution 4)

N'hésitez pas à prolonger les échanges de pratiques sur cette question sensible !

Belle journée

Anne Claire Pignal, Déléguée CAE, CGScop

 

Bonjour,

Merci Anne Claire pour ces précisions et éclairages. 

la question nous a été posée (Cae Btp) cette année. Ma réponse (confirmée avec le temps) a été plutôt sur le plan politique. L'activité en coopérative n'est pas (ne doit pas) être régie par les mêmes ressorts qu'une entreprise simplement capitaliste. Transmettre, céder... ne passe par forcément par une plus value financière, une vente... le monde agricole en est un beau contre exemple de ce que cela produit pour tuer les emplois, rendre très sélectif la reprise...

Par ailleurs, que veut dire une cession de fonds de commerce pour un entrepreneur "unipersonnel" dont la relation clients est donc très centrée sur ses propres compétences, sa personnalité... j'ai toujours eu du mal avec cette notion de vente de clientèle et d'activités!

Alors chez nous nous favorisons plutôt les toilages où "l'acquéreur" va apporter ses compétences, son dynamisme au "vendeur"... et cette coopération permet une sortie du v"odeur" dans de bonnes conditions : niveau de salaire + élevé, revente en bonne intelligence du matériel ET fierté d'avoir transmis, permis un prolongement de sa création d'activité...

Bon on tantine à chaque fois mais qui ne tente rien n'a....

Belle journée à chacun.e,

Benoit Boulnois

Merci beaucoup, je partage ta vision benoit mais pour aller jusqu'au bout de notre réflexion il est important de cerner le champ des possibles les éclairages d'Anne Claire sont donc aussi précieux!